Européennes : Les Républicains lancent leur campagne avec un ancien général en tête d’affiche

Européennes : Les Républicains lancent leur campagne avec un ancien général en tête d'affiche

François-Xavier Bellamy et Les Républicains lancent leur campagne des européennes, samedi, après avoir annoncé la présence de l’ancien général Christophe Gomart en troisième position de leur liste. Un militaire censé incarner l’ordre et faire autorité dans les débats liés à la guerre en Ukraine. Son baptême du feu devant les militants est prévu samedi à Aubervilliers.

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Éric Ciotti et François-Xavier Bellamy avaient le sourire, mardi 19 mars, au moment d’annoncer la présence sur la liste Les Républicains (LR), pour les élections européennes du 9 juin, du général Christophe Gomart. Un ancien militaire en politique, cela n’est pas si fréquent. Et pour un parti qui entend incarner l’ordre et la discipline, tout en contestant les choix stratégiques du chef de l’État en matière de défense, pouvoir compter sur une telle personnalité pour son premier grand meeting de campagne, samedi 23 mars à Aubervilliers, au nord de Paris, est forcément une bonne nouvelle.

À tel point que LR s’est empressé de communiquer sur les réseaux sociaux avec une photo de Christophe Gomart en uniforme, ce qui est pourtant strictement interdit.


Depuis l’annonce du souhait d’Arnaud Danjean, ancien de la DGSE, de ne pas renouveler son mandat d’eurodéputé, LR était en quête d’un profil similaire au sien. Christophe Gomart, général à la retraite depuis 2017, coche encore plus de cases : ancien parachutiste, coordonnateur national du renseignement à l’Élysée de 2008 à 2011 sous Nicolas Sarkozy, commandant des opérations spéciales de 2011 à 2013, directeur du renseignement militaire de 2013 à 2017… La légitimité de Christophe Gomart sur les engagements militaires de la France et l’aide à l’Ukraine, en particulier, pourra difficilement être contestée.

Le candidat de 63 ans, placé en troisième position de la liste LR, n’a d’ailleurs pas perdu de temps. Invité sur RTL, jeudi matin, il a décoché ses premières flèches à destination d’Emmanuel Macron. « Moins de mots, plus de munitions. Le président Zelensky ne demande pas de troupes occidentales sur son sol, il réclame à chaque fois des munitions et rien d’autre en réalité. (…) C’est ce dont ont besoin aujourd’hui les Ukrainiens de mon point de vue », a affirmé Christophe Gomart.

L’ancien général a également critiqué le manque de moyens dont souffre à ses yeux l’armée française. « C’est bien d’avoir des mots de fermeté, mais derrière ça ne suit pas. On ne fabrique pas nous-mêmes nos propres obus (…), donc on voit bien qu’il y a un besoin de se réarmer, mais pas uniquement dans les paroles, se réarmer réellement et concrètement », a-t-il insisté.

« C’est l’incarnation du régalien »

Sa parole va incarner une vision chez LR à un moment où la guerre en Ukraine a été érigée en thème majeur de la campagne des européennes par Emmanuel Macron, mais aussi par Raphaël Glucksmann, la tête de liste Place publique-Parti socialiste. Grâce au général Gomart, la liste portée par François-Xavier Bellamy veut peser sur le débat.

« Christophe Gomart, c’est l’incarnation du régalien. Il a été impliqué au premier plan militaire, au cœur de grandes crises en Afghanistan ou en Libye. Alors que la guerre en Ukraine et les questions stratégiques sont aujourd’hui essentielles, c’est un plus de l’avoir avec nous. Quand c’est lui qui parle de l’Ukraine, sa parole a forcément plus de poids car il a été en première ligne », estime le patron des sénateurs LR Bruno Retailleau, qui le connaît bien.

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Le parti d’Éric Ciotti est toujours confronté à la même difficulté depuis 2017 : coincé entre Renaissance et le Rassemblement national (RN), son espace politique a, petit à petit, été grignoté sur sa gauche et sur sa droite. Alors que François Fillon avait obtenu 20,01 % des voix au premier tour de l’élection présidentielle de 2017, Valérie Pécresse est tombée à 4,78 % en 2022, tandis que le nombre de députés LR est passé de 112 en 2017 à 61 en 2022.

Or, le RN est parvenu à attirer sur sa liste l’ancien directeur de l’agence Frontex, Fabrice Leggeri, qui était également courtisé par LR. L’arrivée de Christophe Gomart chez LR est donc aussi une réponse à l’extrême droite. Ce dernier n’a d’ailleurs pas manqué de cibler le parti de Marine Le Pen lors de sa première sortie médiatique, estimant que « le RN n’est pas un parti de responsabilités » car il « s’est abstenu » à l’Assemblée nationale lors du vote sur le soutien de la France à l’Ukraine.

Aider LR à définir « une vision et une stratégie »

« Depuis le début on cherchait un profil régalien pour remplacer Arnaud Danjean. On avait effectivement pensé au départ à Fabrice Leggeri, mais Christophe Gomart est une bonne pioche et je dirais même que son profil est plus complet », analyse Bruno Retailleau, qui ajoute que l’ancien général va aider Les Républicains à définir « une vision et une stratégie » sur les questions militaires.

Habitué des plateaux de télévision et des studios de radio, Christophe Gomart a commencé à dévoiler ses idées jeudi matin. Il a expliqué sur RTL qu’il fallait « développer une architecture de sécurité européenne, c’est à dire un pilier européen au sein de l’Otan », permettant aux Européens d’être « capables entre eux de pouvoir effectivement mener un combat de haute intensité face à un adversaire qui nous attaquerait » et ceci même si « les Américains ne veulent pas ».

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De quoi convaincre l’électorat de droite de voter Les Républicains ? La liste de François-Xavier Bellamy recueille 7 % des intentions de vote dans le dernier sondage Ipsos publié le 11 mars par Le Monde – un sondage réalisé avant l’annonce de l’engagement politique de Christophe Gomart.

L’ancien général devrait activement participer à la campagne des européennes, avec des déplacements sur le terrain et des meetings. Il sera notamment présent, samedi 23 mars, pour le grand meeting de lancement de la campagne LR à Aubervilliers, où il prendra la parole.

« Je rentre en politique. Pour moi, c’est un peu un saut dans le vide, c’est un vrai challenge, a reconnu Christophe Gomart jeudi matin. C’est l’occasion pour la droite classique de se repositionner en tant que parti de la liberté et de responsabilités. »

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