Cinq suspects ont été interpellés en début de semaine dernière
par les enquêteurs du 1er district de police judiciaire (DPJ) de
Paris et les militaires du commandement de la gendarmerie dans le
cyberespace (ComCyberGend), dans la capitale, dans les
Hauts-de-Seine ainsi qu’en Seine-Saint-Denis, comme l’a révélé
Le JDD.
Ils sont soupçonnés d’avoir mis en place un système sophistiqué
d’escroquerie, en utilisant des IMSI-catcher, un dispositif de
surveillance onéreux, réservé à l’usage exclusif des services
antiterroristes et de l’armée. Ces appareils leur ont servi à
récupérer des centaines de milliers de numéros de téléphone de
particuliers. Ils ont ensuite utilisé ces numéros pour réaliser du
hameçonnage par SMS, une méthode également appelée « phishing ».
« Ils laissent entendre que le destinataire doit, par exemple,
se faire rembourser une somme d’argent ou recevoir un colis mais il
doit d’abord enregistrer ses coordonnées bancaires sur un site
internet dédié », détaille un spécialiste de la lutte contre la
cybercriminalité, à nos confrères. Les données transmises par les
victimes sont ensuite utilisées par les escrocs. En quelques
semaines, 400 000 SMS hameçons ont été envoyés.
Pour obtenir les informations, les IMSI-catcher simulent une
fausse antenne-relais en s’intercalant entre le réseau de
l’opérateur de téléphonie, et le téléphone.
C’est par un contrôle routier à Paris que l’affaire a débuté le
30 décembre dernier. Les policiers en patrouille arrêtent une
automobiliste de 23 ans dans le Xe arrondissement. A l’arrière de
la voiture, les fonctionnaires aperçoivent un étrange dispositif
dans une valise. Le service de déminage est sollicité et fait
exploser l’ensemble. Une expertise permet de comprendre qu’il
s’agissait en fait d’un IMSI-catcher. « Ce dispositif
d’espionnage a été mis à disposition de services pour lutter contre
les attentats terroristes », rappelle un haut fonctionnaire,
au JDD.
Deux gérants d’une société spécialisée dans le marketing
digital
La jeune femme, durant sa garde à vue, confie qu’elle avait pour
mission de circuler dans les rues de la capitale, en échange de
quelques centaines d’euros, afin de récupérer un maximum de numéros
de téléphone. Les cybergendarmes se rendent compte, au cours de
leurs investigations, que des « zones de perturbation » ont été
signalés sur des réseaux de téléphonie mobile. Deux gérants d’une
société, spécialisée dans le marketing digital, implantée à
Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine), sont alors soupçonnés d’être
les organisateurs de cette vaste escroquerie. Placés en garde à
vue, ils ont nié les faits.
Les enquêteurs ont déterminé que les suspects avaient acheté
plusieurs IMSI-catcher en Chine, 20 000 euros chacun. Un second
chauffeur avait même été recruté et utilisait une ambulance privée
pour faire ses « tournées » dans la capitale.
Lors des perquisitions, les enquêteurs ont saisi trois voitures
et une moto d’une valeur de 100 000 euros, ainsi que huit
ordinateurs, douze téléphones, quelques milliers d’euros en
liquide, trois diamants et un tracker précise Le Parisien. 12 000
euros sont aussi confisqués sur le compte bancaire de la
société.
Les cinq suspects ont été mis en examen le 16 février des chefs
d' »escroquerie en bande organisée », « détention non autorisée d’un
dispositif technique ayant pour objet la captation de données
informatiques », « utilisation non autorisée de fréquences ou
d’installations radioélectriques » et « entrave au fonctionnement
d’un système de traitement automatisé de données ». Trois d’entre
eux ont été placés en détention provisoire, les deux autres ont été
laissés libres sous contrôle judiciaire.
Source : Actu17