Les élèves du collège-lycée Saint-Thomas d’Aquin de
Saint-Jean-de-Luz (Pyrénées-Atlantiques) ont rendu hommage à leur
enseignante, Agnès Lassalle, en déposant des fleurs le jeudi matin.
Elle a été poignardée à mort ce mercredi
par un étudiant « en conflit intérieur », qui a été placé en
garde à vue. La mesure a été prolongée.
Une équipe de médecins et de psychologues a été mise en place
par l’école pour aider les étudiants à faire face à la tragédie et
les soutenir dans cette épreuve difficile. Une responsable a
déclaré que l’objectif de cette cellule était d' »accompagner,
de rassurer » et de recentrer les étudiants dans la réalité. En
signe de solidarité, une minute de silence sera observée à 15
heures dans tous les établissements secondaires de France qui ne
sont actuellement pas en congé.
« C’est important d’être présent (à l’école) pour sa famille,
ses proches, ses élèves, il faut donner de la force aussi à ceux
qui ont vu ça », a déclaré Rudy, élève de 3e qui a eu Mme
Lassalle en cours l’année dernière. Il décrit une « prof très
gentille », « à l’écoute », « droite dans ses
bottes », dont « l’exceptionnel dévouement » avait été
salué mercredi par le ministre de l’Éducation nationale Pap Ndiaye,
venu sur place. Beaucoup d’élèves ont été accompagnés par leurs
parents jusqu’à l’entrée de l’établissement privé ou déposés en
voiture sur le parking.
Des antidépresseurs chez le suspect
L’auteur présumé de l’agression, âgé de 16 ans, « n’était pas
connu des services de police, ni des services de justice »,
selon le procureur de Bayonne Jérôme Bourrier, qui a ouvert
une enquête pour « assassinat » et
tiendra jeudi une conférence de presse (15h15). La garde à vue de
l’agresseur a été prolongée jeudi, selon une source proche du
dossier. Selon une autre source, des antidépresseurs ont été
retrouvés chez lui et il a expliqué avoir été « en conflit
intérieur avec un être malfaisant ». Selon BFMTV, il a déclaré
avoir entendu des voix lui disant que l’enseignante « incarnait
le mal ». L’état de santé mental du suspect a néanmoins été
jugé compatible avec son placement en garde à vue.
« Il faut qu’il y ait des études qui soient faites et cela
peut prendre un petit peu de temps (…) Ce qui est sûr c’est qu’il
n’y a pas de mobile apparent qui ait pu être identifié », a
temporisé jeudi sur France Inter le porte-parole du gouvernement
Olivier Véran.
Le suspect était arrivé à la rentrée dans ce collège-lycée calme
et prisé de Saint-Jean-de-Luz, après avoir réussi son brevet avec
mention très bien, a confirmé le rectorat de Bordeaux. L’adolescent
était un « très bon élève » de l’avis de ses camarades.
L’année dernière, il était en troisième dans un collège public de
la ville basque, selon une ancienne camarade de classe. Elle le
décrit comme « un garçon timide », qui avait « deux ou
trois amis mais pas beaucoup plus ». « Parfois
arrogant » ou « colérique », il n’aimait « pas trop
se faire reprendre par les professeurs en classe ».
D’après une lycéenne prénommée Inès, témoin de la scène,
l’auteur présumé « s’est approché » de la professeure
« et lui a planté un grand couteau dans la poitrine, sans rien
dire ». Selon elle, il « n’y avait jamais eu de
problème » entre eux en classe.
«Symptôme de stress aigu»
Une cellule d’urgence médico-psychologique de dix personnes, en
plus de la médecine scolaire, a été mise en place au collège-lycée
pour prendre en charge les élèves qui en ressentiraient le besoin.
« On intervient dans les classes pour dire qu’on est
disponibles, il y a de la demande », a expliqué sa responsable,
Elorri Amestoy, médecin aux urgences psychiatriques de l’hôpital de
Bayonne. « On est dans la parole mais aussi dans prise en charge
thérapeutique si besoin ».
« On gère la frustration, la prostration, le surplus
d’émotions mais surtout on est là pour prévenir, parce que les
symptômes peuvent arriver les jours suivants », a-t-elle
ajouté. « Quand on reprend une vie normale, c’est là qu’on peut
réaliser : il peut y avoir des réminiscences, des bruits, des
images, des cauchemars. »
Ce drame a bouleversé la communauté éducative française, un peu
plus de deux ans après l’assassinat de Samuel Paty, professeur
d’histoire-géographie décapité le 16 octobre 2020 par un jeune
homme islamiste radicalisé. « La Nation est à vos côtés », a
déclaré le président Emmanuel Macron aux enseignants sur
Twitter.
L’assassinat d’une enseignante à
Saint-Jean-de-Luz nous remplit d’une intense émotion. Je partage la
douleur de sa famille, de ses collègues, de ses élèves, de nos
enseignants qui consacrent leur vie à transmettre le savoir aux
générations futures. La Nation est à vos côtés.
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron)
February 22, 2023
Les agressions contre des professeurs sont fréquentes mais l’AFP
a recensé moins d’une dizaine de meurtres sur les quatre dernières
décennies.
Source : Actu17